Le Parc de La Villette tel que nous le connaissons résulte de la volonté de 2 présidents de la République successifs de rééquilibrer culturellement l'Est parisien : Valéry Giscard d'Estaing en lançant en 1974 le programme global de reconversion du site des abattoirs de La Villette et particulièrement la Cité des Sciences et de l'Industrie, François Mitterrand en affirmant dès 1981 l'aspect multiculturel, social et territorial du Parc et en y intégrant 3 équipements novateurs : la Cité de la Musique, le Zénith et la Grande Halle. Autant la conception du parc initiale était celle d'un jardin à la française revisité, en accompagnement de la Cité des Sciences, autant la conception programmatique du Parc fut ensuite entièrement renouvelée en 1981 sous l'égide de Jack Lang. Articuler des dimensions sociétales de fond, répondre à des vocations urbaines et sociales de proximité, se définir comme le creuset des pratiques émergentes... fut le défi du nouveau Parc de La Villette dont le penseur fut finalement François Barré, directeur de la Mission Parc.
Le concours pour I'aménagement du Parc de La Villette (1982) illustra clairement ce carrefour des pensées sur les espaces urbains par des concepteurs dont la plupart des projets, sauf celui du lauréat Bernard Tschumi, restaient sur des lignes "classiques" : fausse nature, citations historicistes ou typologiques ...
Le Parc de La Villette, au contraire, se devait d'être imaginé comme un centre culturel contemporain en plein air, intégrant une politique de programmes paysagers en continuité à la ville de Paris et à ses limites avec la banlieue Nord-Est. Le programme de ce nouveau parc urbain comprend en effet des cafés, restaurants, des ateliers, des terrains de jeux et d'aventure, des lieux d'expositions, de sport, de concerts de plein air, de médiation... cela en addition à la Cité des Sciences et de I'Industrie, à la Cité de la Musique et à la Grande Halle auxquelles il répond non pas comme fond de décor mais comme équipement en soi. Bernard Tschumi a donné une forme déterminante à ce concept programmatique en refusant toute citation naturaliste, au moyen d'une vaste plaine plate portant une matrice ouverte définissant des lignes de flux aux intersections desquelles les programmes construits se répartissent en autant de "folies", diffractant ainsi les programmes construits que d'autres concurrents regroupaient en un bâtiment unique supplémentaire. Cette trame agit comme une armature articulant le programme en "plans (les aires de jeu), lignes (les circulations) et points (les folies construites" clairement lisibles dans l'espace et laissant place à l'avenir.
Le Parc de la Villette, se développant sur 35 hectares, peut être ainsi considéré comme un équipement à la fois urbain, paysager et architectural, l'un des plus grands jamais produits, un jardin urbain ouvert, sans grille, possédant une structure unique, s'articulant pleinement avec la ville et sa banlieue.