L’École Européenne Supérieure de l’Image (Angoulême et Poitiers) a un positionnement original consacré à la bande dessinée mais également à des explorations multidirectionnelles. Très à l’étroit dans le bâtiment dit « Quartier Henri IV » au centre de Poitiers, sans aucune accessibilité ni espoir d’évolution, la décision a été prise de sa reconstruction au quartier des Couronneries en plein projet de renouvellement urbain.
Son intégration au sein d’un complexe culturel et créatif comprenant à terme une école supérieure d’enseignement musical (Pôle Aliénor) et un Centre Dramatique National (Comédie Poitou-Charentes) constitue une première en France.
AG Studio s’était déjà illustré par 3 générations de conception programmatique d’écoles d’art : les nouvelles écoles d’impulsion « Languienne » dans les années 1990 (l’ENSCI à Paris et l’ENAD de Limoges, l’École Nationale Supérieure du Paysage de Blois) ; la modernisation des institutions nationales dans les années 2000 (le Schéma Directeur de rénovation de l’ENSBA de Paris, l’École Supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg) ; les nouvelles "grandes machines" dans les années 2015 (l’École Supérieure des Beaux-Arts de Nantes Métropole, la HEAR de Strasbourg). Mais une nouvelle génération d’écoles se développe aujourd'hui, née de la crise des grandes institutions mais aussi des grandes mutations du monde de l'image. Il est désormais recherché des écoles plus légères, agiles et flexibles, forgées autour de l'attention à favoriser l'éclosion des projets des étudiants en quête de leur personnalité artistique, et ce dans des directions souvent imprévisibles.
De plus, une école d’art en région comme l’ÉESI a du se questionner sur 3 niveaux : qu’est ce qu’une école d’art à l’ère de la production numérique ? Quel enrichissement pédagogique peut émerger d’un concept de cité créative ? Quel rôle social et quelle porosité peut-on attendre d’une implantation en quartier sensible ?
Le programme développé par l’équipe d’AG Studio a fait l’objet d’une intense concertation, au point d’organiser un symposium réunissant de grandes figures de l’enseignement artistique sur le thème de l’école d’art du XXIème siècle. L’ÉESI a généré le concept d’un quartier créatif ouvert, matriciel, autour d’un campus urbain animé par les partenaires institutionnels mais également servant d’interface avec le quartier.
Conçue comme un lieu d’apprentissage, d’expérimentation, de production mais aussi lieu de vie, l’ÉESI se développera essentiellement sur un grand rez-de-chaussée pour simplifier les manutentions et les circulations. L’agence d’architectes COSA (Colboc-Sachet) a produit un projet d’une très grande intelligence, mais aussi d’une grande frugalité, rendue indispensable par un budget des pus contraints. Les qualités fonctionnelles et d’ambiances, dues à une répartition géographique évidente autour d’une grande rue couverte, en font un exemple d’efficacité et de retenue.