Lors de la décision de création des premiers Grands Projets Présidentiels en 1981, il avait été décidé d'implanter à La Villette une Cité de la Musique comprenant le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, une salle de concerts et un musée de la musique. Dans cet ensemble inédit, la refondation du conservatoire sur un modèle "futuriste" était donc de mise pour répondre aux nouvelles exigences de la création musicale du proche XXIème siècle. En effet le Conservatoire de Paris était installé à l'époque rue de Madrid dans des espaces confinés et obsolètes, et la pédagogie résistait pour partie encore à l'intrusion des nouvelles technologies. Cette expérience programmatique de longue haleine et profondément fondatrice de la vocation de François Guiguet s'est appuyée sur une réflexion ininterrompue pendant 5 années où devaient se résoudre les objectifs suivants: donner une place prépondérante aux nouvelles technologies et pédagogies, placer les étudiants dans un environnement professionnel et multidisciplinaire, offrir aux futurs interprètes des situations de confrontations aux publics, les préparer aux exigences de la production musicale de l'enregistrement, laisser toute sa place au travail de création collectif comme personnel.
Les 23 725m2 du programme de la partie Ouest de la Cité de la Musique (40 000m2 au total) illustrent l'importance de l'infrastructure bâtie rendue nécessaire : 3 salles publiques (Orgue, arts lyrique, interdisciplinaire), un grand plateau d'orchestre de 500m2, d'enregistrement et de production professionnelle, 120 studios de travail individuel, 5 studios de danse, de grands plateaux de musique de chambre, d'art lyrique, une médiathèque musicale, un internat, un gymnase etc.). L'architecte Christian de Portzamparc, outre la conception d'une architecture particulièrement inspirée, a transcendé toutes ces difficultés en proposant de surcroit un rez de jardin à -7m qui permet d'éclairer les foyers et d'évacuer toutes les grandes salles, un haut de gradin à -4m qui connecte toutes les salles publiques,naturellement, au niveau du Parc, et de multiples ambiances intérieures favorisant rencontre et intimité, toutes les salles étant éclairées naturellement.
La partie Est était conçue comme un ensemble de lieux ressources pour le CNSMDP autour d'une grande salle de concerts modulable de 800 à 1200 places, un musée de la musique valorisant les riches collections de la rue de Madrid comprenant un laboratoire de conservation et d'études organologiques, un amphithéâtre de 250 places, un "children's corner" etc. Une résidence étudiante, des commerces et un café constituaient le village résidentiel de ce grand programme auquel a été adjoint un centre de recherche de pédagogie musicale. L'ensemble a été réalisé en 2 temps. La salle philharmonique prévue a été supprimée et recréée 20 ans plus tard. A l'occasion de l'inauguration de la première tranche François Guiguet, co fondateur de AG Studio, a reçu la distinction de Chevalier des Arts et Lettres.