La reconstruction du Conservatoire à Rayonnement Régional d'Aubervilliers était attendue depuis 20 ans. Il faut saluer l'énorme travail de tous les directeurs qui se sont succédés à la tête de ce grand établissement de référence, qui se répartissait dans des conditions précaires entre Aubervilliers (un pied d'immeuble fréquemment sinistré et un ancien pavillon d'habitation à La Courneuve.
En cours de programmation, la nouvelle municipalité lui a adjoint la demande d'une salle des fêtes. AG Studio, qui avait été mandaté pour le programme de reconstruction, a saisi l'occasion pour proposer la constitution d'un bi-pôle qui nourrissait 2 appétits différents : l'apprentissage d'une part, puis, la diffusion et la transdisciplinarité de l'autre.
Le programme a fait par ailleurs un gros effort d'anticipation des nouveaux usages, auprès des enseignants et usagers. Un subtil travail sur les circulations permet également le brassage entre les différents niveaux des élèves : les petits venant assister aux classes des plus exercés (notamment dans l'utilisation des circulations en haut des salles publiques).
Le rapport à la ville a été particulièrement étudié, dans l'optique de favoriser la porosité au rez-de-chaussée et l'ouverture au quartier. Toutes ces attentions programmatiques ont été non seulement respectées, mais également transcendées par François Chochon, qui a rajouté de nombreux raffinements, non seulement dans les traitements des volumes, mais aussi dans les espaces en terrasses successives, qui forment de véritables jardins. Ces toitures- jardin font autant de vues gratifiantes depuis les tours environnantes. Au total, les 2 salles publiques (petit auditorium et black box de la salle des fêtes), la rue couverte intérieure, l'infinie diversité des salles qui ont chacune leur caractère et acoustique, la lumière des salles en grande hauteur... font de ce conservatoire l'un des plus réussis en France et l'un des plus appréciés par ses usagers.